J’y étais ! (Souvenirs d’adolescent de ce temps là…)
Petite histoire de mes débuts dans la vie en marge de l’équitation.
Par Jean Louis Rouchy
L’époque de l’école élémentaire 1937-1940 en ce qui me concerne les assistantes sociales n’existait pas et à cette époque si vous aviez des problèmes susceptibles de nuire à votre progression, les instituteurs ou institutrices ne s’en apercevaient même pas, ou bien ce n’étaient pas le cadet de leur souci.
À rajouter que mes parents très pauvres (nous étions nourris par la municipalité) ne payaient pas mes fournitures scolaires, ce qui fait que je n’avais jamais de livres neufs mais seulement les résidus des autres élèves dont les parents avaient la possibilité de subvenir aux besoins de leurs enfants.
De plus personne ne s’ aperçut que j’étais atteint d’une forte myopie qui m’empêchait de lire ce qui étaient écrit sur le tableau, j’étais donc le dernier de la classe invariablement et au fond de la salle ce qui n’arrangeait pas les choses.
J’étais et restais donc le cancre de mon école sans aucune capacité pas même celle d’être reçu au certificat d’études primaire.
Je souffrais de cet état de choses car j’étais très conscient que je faisais le désespoir de mes parents ainsi que des moqueries de mes petits camarades aux yeux desquels je ne représentais rien.
C’était sous l’occupation allemande, à Nantes qui fut libéré le 12 août 1944 j’avais 17 ans.
Les FFI (Force Française Libre) firent leurs apparitions et je décidais de m’engager ce que je fis avec l’autorisation de mes parents trop heureux d’être débarrassé de moi.
Il est à noter qu’à la libération se Nantes les forces allemandes occupants Nantes reflue vers l’Allemagne, mais des milliers de soldats du grand Reich se sont enfoncé vers l’ouest ils forment ce qu’on appellera la poche de St Nazaire qui abritait la base sous-marine, leur première ligne traversant St Étienne de Mont Luc.
ST Nazaire fut libéré le 11 août 1945 et mis fin à ma présence sur le front de St Nazaire à la suite de quoi je fus mis en caserne à Nantes ou je fis mes classes officielles avant de partir pour l’Algérie.
Ce préambule a pour but de donner aux lecteurs l’image de mon état d’esprit le jour de mon engagement au 33 eme bataillon FFI de la Loire Inférieure, ou je fus affecté dans les transmissions, a noter que trois jours après cet engagement je fus diriger vers ma première affectation en première ligne de la poche de St Nazaire, exactement a la Haye- Mahéas ou nous fûmes accueillis dans un orphelinat dont les enfants et religieuses avaient été évacuer en partie restaient seulement trois religieuses l’aumônier, Camille l’homme de confiance de la communauté.
Au mois d’août 1940 l’invasion submergeait tout l’ouest jusqu’à l’océan ; or la marée germanique avait contourné l’orphelinat ( le domaine de Marie) ou se continua la vie accoutumée. Dans la suite, à douze reprises, les occupants, en quête d’un gîte assez vaste pour eux et leur état-major
surviendront au seuil de la maison mère, à chaque fois la supérieure trouvait les réponses qui les éloignait, et l’évacuation du personnel et les orphelines furent évacuer, quelques FFi dont moi furent accueillis et se réfugiaient en cas de danger dans la chapelle qui se trouvait a à une centaine de mètres des premières lignes allemandes.
Le lundi 14 aout nous assistions mes camarades et moi dans la chapelle avec les religieuses qui goûtaient les dernières douceurs d’une retraite spirituelle qui fut particulièrement fervente.
La clôture des pieux exercices avait été fixée à 17h, dans un riant azur, vient de monter le carillon joyeux des trois cloches, et ce soir les sœurs vont ajouter le Te Deum.
La cérémonie commence et soudain parmi les accords de l’orgue et des voies nous percevons les bruits d’une fusillade, une lutte s’est engagée autour de l’atelier de forge attenante à une centaine de mètres de la chapelle, vite les quatre militaires en civil ainsi que Camille (l’homme de confiance) nous allions nous rendre compte de l’affaire.
< Dans le fossé au bord de la route, un allemand, un gradé baigne dans son sang d’autres FFi l’entourent tout agiter par la fureur du combat, Camille leur représente avec force qu’il ne serait ni humain, ni chrétien d’achever cet ennemi blessé. Les FFi de l’autre groupe s’éloignaient « j’ai soif camarade articule péniblement l’homme touché à mort.
Camille lui donna à boire puis se hâte de retourner à la communauté et d’exposer le cas à la mère supérieure.
Comme les routes étaient pour la plupart en combat la mère supérieure demanda à une sœur infirmière de le penser sur place, à peine pensé il tomba dans le coma.
Étendu sur un brancard il respirait encore ? M. l’aumônier eut juste le temps de prononcer la formule de l’absolution puis il rendit l’âme.
Sa dépouille fut transportée dans la remise, le corps reposait sur un lit de paille fraîche et un oreiller de foin qu’une sœur avait recouvert d’une alèze bien blanche, toute démarche au sujet de ce corps fut remise au lendemain.
Effectivement aussitôt après la grand-messe de L’Assomption la supérieure se disposait à envoyer Camille prévenir la mairie, lorsque éclatèrent des coups de feu qui glacèrent tout le monde d’effroi, le combat avait donc repris ? Et plus rapproché de l’enclos que la veille ? La terreur eut été plus profonde encore, si l’on avait su exactement ce qui se passait !…
Après s’être repliés un instant, une fois les résistants retournés au maquis, les allemands étaient revenus sur les lieux du combat. Précédés de cinq otages, ils avaient cherché leur camarade toute la nuit, menaçant leurs guides de les fusiller s’ils n’arrivaient pas à leur faire découvrir.
Au début de la matinée les soldats du Reich cernent la forge autour de laquelle se déroula l’agression de la veille, ils arrachent de sa cachette le forgeron, un père de famille de vingt-deux ans. Malgré ses supplications il est fusillé sous les yeux de sa jeune femme terrifiée, mère d’un petit garçon et attend un second enfant. Un réfugié de Nantes , venu au ravitaillement tombe également sous une décharge. Mais la fureur des occupants n’est pas assouvie. Dans une maison en face de la forge, auprès d’un cadavre d’une fillette tuée dans le jardin par une balle égarée des FFI .
Deux femmes reviennent de la messe. Ces brutes se saisissent des deux femmes le temps de mettre le feu aux quatre coins de leur chaumière ils les jettent dans le brasier. Les fermes, et bientôt tout flambe. Mais le camarade disparu n’est toujours pas retrouvé !… Mes camarades et moi-même fûmes témoins de ces atrocités sans que nous puissions intervenir n’étant même pas armé puisque dans les transmissions nous étions chargés de l’entretien des lignes téléphoniques !